Aixprits Criminels

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11/10/2022

Vers une notion D'Anthologie Homicide ?

Avant-propos

La notion abordé dans cet article ne constitue pas une notion définie et étudiée par les sciences criminologiques. Il s’agit ici d’une notion dégagée dans le cadre d’une étude relative au tueur de Long Island, afin d’expliquer les différences constatées entre deux groupes de victimes. Il s’agit ainsi d’une terminologie créée pour les besoins de cette recherche, et non pas d’un phénomène psychocriminologique exact. 

La notion « d’anthologie homicide 

 Pourquoi parler d’anthologie homicide ? La qualification de « tueur en série » a été empruntée au langage audio-visuel. Dès lors, nous nous réfèrerons aussi à ce vocabulaire pour expliquer notre notion. Il nous faut tout d’abord revenir sur la notion « d’anthologie ». Quand on parle de série anthologique, on parle ici d’une série avec une structure narrative similaire entre les épisodes ou les saisons, avec une thématique ou un esprit commun. Chaque saison est ainsi indépendante, avec son histoire propre, même si la structure est commune. On remarquera que dans les anthologies sérielles les plus connues, telle « American Horror Story » ou encore « The Haunting », le casting est identique entre les saisons, mais les personnages sont différents. Au regard de cette définition de l’anthologie au sens des séries télévisées, comment définir notre notion « d’anthologie homicide » ? Il faut entendre l’anthologie homicide comme une série de meurtre composée de plusieurs « saisons », chacune se caractérisant par un mode opératoire ou un profil de victime différent, changement justifié par une logique propre à la saison. Il y a aurait ainsi une série unique, plusieurs saisons, chaque saison correspond à une histoire, avec un acteur régulier, l’auteur des crimes. Il ne s’agit pas d’une notion établie de criminologie ou d’analyse comportementale, mais d’un terme, d’une notion qu’il nous aura fallu créer pour l’étude de ce cas spécifique. Dès lors, l’usage de ce terme et sa pertinence n’engage que l’auteur de cette étude, en l’absence de recherches approfondies sur cette notion. 

Quelles applications pratiques ?

Comprendre le changement de comportement d’un serial killer, c’est comprendre sa logique, sa manière de fonctionner. Ainsi, les forces de l’ordre pourront anticiper le comportement du tueur, mettre des stratégies en place en vue de l’intercepter. L’un des avantages de la compréhension d’une anthologie homicide, du changement de comportement du tueur en série, c’est le fait que ces différents changements nous apportent des informations, à la fois sur la psyché de l’auteur, mais parfois aussi sur des caractéristiques socio-économiques de ce dernier. Si nous prenons par exemple le cas de Jeffrey Dahmer (que nous aborderons dans un article ultérieur), le fait qu’une partie de ses victimes aient fréquenté un bar, et une autre partie un autre bar, peut nous indiquer, si ce schéma est mis en lumière, que notre auteur a changé de lieu de repérage. Ce que nous pouvons en déduire, c’est qu’il a pu être mis à la porte du premier lieu, permettant ainsi d’affiner le profil du tueur mais aussi de réduire le nombre de suspects potentiels. Toutefois en l’espèce, cette série de crime n’aura été identifiée qu’après un échec de Dahmer à mettre fin à la vie de sa dernière victime, empêchant donc toute analyse par les forces de l’ordre de cette série et des changements y afférant.  

QUELQUES ILLUSTRATIONS PRATIQUES

1. Le tueur de Long Island Nous avons eu l’occasion d’évoquer le cas du tueur de Long Island sur ce blog, abordant alors cette notion d’anthologie homicide. Nous avions alors évoqué deux groupes de victimes, caractérisés par une période différente et un comportement post-opératoire distinct : d’un côté des victimes démembrées et cachées avec précaution, d’un autre des victimes entières mises dans des sacs en toile de jute, cachées dans des buissons au bord d’une route. On voit ainsi un changement de comportement du tueur, pouvant nous indiquer que le premier groupe était une série « test », de perfectionnement, tandis que le deuxième groupe mettait en avant la prise de confiance du tueur. L’autre point qui pouvait être mis en avant par ce passage entre chaque saison est que le tueur semblait désormais avoir accès à des sacs en toile de jute, pouvant indiquer qu’il travaille dès lors dans l’industrie du textile, ou qu’il habite à proximité d’un magasin vendant ce type de textile.  2. Le tueur du Zodiac Concernant le tueur du Zodiac, un tueur en série de la côte Ouest des Etats-Unis, plus précisément de la baie de San Francisco, à la fin des années 60, et sur lequel nous reviendrons plus en profondeur à l’avenir, deux saisons peuvent aussi se distinguer. Dans un premier temps, trois attaques visant un « couple » constitué d’un jeune homme et d’une jeune femme. On constate alors un acharnement plus important sur les victimes féminines. Seule exception à cette première saison, le meurtre de Paul Stine, un chauffeur de taxi, qui semble constituer un meurtre hors-série (notion sur laquelle nous reviendrons dans un autre article). Dans un second temps, le Zodiac revendique par voie postale de nombreux homicides, tentatives d’enlèvement, sur des jeunes femmes seules, sur des forces de l’ordre, il menace de faire exploser un bus scolaire puis un commissariat. Cette saison se caractérise par l’absence d’un profil type des victimes, contrairement à la première saison. Plusieurs hypothèses peuvent se dégager de ce changement de saison : - Ce changement de comportement pourrait résulter d’un excès de confiance du tueur, ne se contentant plus de repérer un profil type de victime. - Si la première hypothèse se fonde sur le fait que le Zodiac ait pu réellement commettre ces meurtres, la seconde hypothèse se veut être l’opposée. Le Zodiac n’aurait ainsi pas commis ces meurtres, mais les revendiquerait afin de brouiller les pistes sur son identité. En effet, en passant d’un profil de victime assez précis, à une absence de profil type, on pourrait exclure l’existence de mobile personnel des crimes, notamment ceux véritablement commis par le Zodiac. Nous aurions ainsi une première saison consacrée aux meurtres, et une seconde saison consacrée au brouillage des pistes.                  « Chaque éléments d'une enquête est un miroir. Et le tueur se cache dans l'un des angles morts »                                                                                                             Les rivières pourpres - Jean-Christophe Grangé